Aujourd’hui, tous les chiffres le confirment, les jeunes sont les premiers touchés par la précarité et la hausse du chômage.

100 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans qualification, le chômage de 16 à 25 ans est proche de 23 % quand il est de moins de 10 % pour le reste de la population active.

Les jeunes de moins de 30 ans représentent plus de la moitié des personnes pauvres et le nombre d’enfants de pauvres et de jeunes adultes modestes a augmenté de 700 000 depuis 2004, soit + 36 %.

Dans les villes et les quartiers populaires, la situation est d’autant plus dégradée :

276 000 collégiens résident dans les quartiers prioritaires. Ces jeunes ne sont plus que 175 000 au lycée et, après le bac, seulement 2 500 dans les classes préparatoires aux grandes écoles.

Un rapport de l’Observatoire national de la politique de la ville publié en 2016 a révélé que le taux de chômage des diplômés des quartiers, ayant un bac + 2 et plus, est presque trois fois supérieur à la moyenne nationale. Ainsi, la rapport affirme que « Un diplômé bac + 5 de plus de 30 ans a 22 % de chances de moins d’occuper un emploi de cadre lorsqu’il est issu des quartiers prioritaires ».

 

Les jeunes sont aussi les cibles prioritaires de la politique de casse des droits collectifs menée par les politiques gouvernemental successives depuis des décennies : projets de réformes des lycées avec la réforme du bac, la réforme des universités avec parcoursup ou la sélection à l’entrée des universités, ou encore la prochaine modification de l’ordonnance de 1945, par voie d’ordonnances, pour simplifier la procédure pénale applicable aux mineurs délinquants et prononcer leur peine, « sans angélisme, ni démagogie ».

 

Ainsi, en plus d’être une variable d’ajustement économique avec un chômage de masse, des emplois précaires, cdd, intérim, qu’on créé vite et qu’on détruit en premier dès que l’entreprise se trouve en difficulté, les jeunes sont également une variable d’ajustement de toute la société pour tirer vers le bas nos droits comme ceux des générations à venir et ceux de nos aînés.

Ainsi, la jeunesse vit depuis la fin des années 1980 une douloureuse entrée dans la vie adulte qui ne peut que la rendre pessimiste sur l'avenir. Cela conduit aujourd’hui 71 % des jeunes à penser qu'ils vivront plus mal que leurs parents.

Nous ne sommes pas face à un problème qui est propre à une génération mais à un problème qui s’aggrave dans le temps

Aujourd’hui, plus que jamais, la précarité est le maître mot de cette « génération ».

Age sans statut social, la jeunesse est trop souvent regardée comme un passage, voire une maladie, qui passera mais dont il faudrait attendre de sortir pour enfin espérer que ça s’arrange. « Il faut que jeunesse se passe. »

Trop rarement la jeunesse est regardée comme un âge à part entière, un âge assez long pour être pris au sérieux. Aujourd’hui, un tiers des actifs français de moins de 30 ans occupe un emploi temporaire (CDD, intérim, apprentissage, stages et contrats aidés), soit quatre fois plus que les 30-49 ans. Cette surexposition des jeunes aux emplois temporaires a fortement progressé depuis 1984, où elle se situait à 8 % (contre 1,5 % pour les plus de 30 ans). Il devient de plus en plus difficile de considérer ce temps comme une « passade ».

Cette impossibilité d'anticiper son parcours personnel et de se projeter dans l’avenir, empêche les jeunes de s'inscrire dans un projet collectif.

Aimable contribution d'Emilie LECROQ, membre du CEN du PCF