Rassemblement contre le projet ÉCLAT le 9 mai 2021

Un projet de parc "historique" sur Tournus est à l'étude. Ce projet serait largement soutenu par les collectivités locales dont le Conseil Départemental de Saône-et-Loire.

La Fédération du PCF de Saône-et-Loire participe au collectif d'organisations qui s'oppose au projet. Elle a écrit dans la lettre ouverte jointe, au Président du Conseil Départemental pour lui signifier les raisons de son opposition et présenter des propositions alternatives qui s'appuieraient sur les acteurs locaux présents pour valoriser le patrimoine culturel et naturel de notre département.

A l’attention de Monsieur le président du département de Saône-et-Loire 

Mâcon le 23 novembre 2022

Objet : projet de parc historique à Tournus

 Monsieur le président,

Par le présent courrier nous tenons, en tant qu’organisation politique départementale, à vous faire part de notre opposition au projet ECLAT de Tournus.

Cette opposition est motivée pour les raisons suivantes :

La consommation abusive de foncier agricole au profit du projet ECLAT.

  • En effet, ce projet artificialisera définitivement à minima une quinzaine d’hectares de terres agricoles indispensables pour garantir la sécurité alimentaire du territoire et du département. L’artificialisation de ces terres de grande qualité sera irréversible alors qu’aujourd’hui, nous savons qu’elles participent à lutter contre le changement climatique, d’une part par leur rôle de capteur de CO2 et d’autre part, en favorisant les circuits courts pour nourrir la population.
  • Elles sont également cruciales pour permettre l’installation de jeunes agriculteurs et maraîchers participant au dynamisme de la ville de Tournus. Enfin ces terres sont parties prenantes de continuités écologiques favorisant des écosystèmes riches en biodiversité.

D’après les informations que nous avons actuellement, l’argent public sera largement utilisé pour ce projet élaboré en partenariat « public-privé ».

  • Les équipements de loisirs (40 millions d’euros) seraient financés à 47,5% par la Caisse des dépôts, à 47,5% par HBI (Holding Badey Investissements) et à 5 % par Wikipark (Arnaud Coste).
  • Si 8ha de foncier seraient acquis par HBI, le département devrait financer l’achat de 16ha de terrains (2,1 M€) et la construction d’un rond-point à Montplaisir sur la D906 permettant l’accès au site.
  • Une Société d’économie mixte, elle-même largement financée par le département, financerait le parking paysager de 900 places équipé d’ombrières photovoltaïques, la conversion du bâtiment Monplaisir en centre d’accueil touristique ainsi que la construction de sanitaires en nombre suffisant et une passerelle enjambant la ligne SNCF reliant le parking au parc d’attractions. Cette structure de béton imposante sera dotée d’un ascenseur afin de répondre aux normes d’accueil du public (plus de 2 M€ selon nos estimations).
  •  En outre, on note la construction de bâtiments dits « agricoles » sur 3ha destinés à « initier les touristes au maraîchage ». Cette mesure de compensation des espaces agricoles détruits aurait de quoi faire sourire s’il n’était pas prévu qu’elle puisse être financée par les collectivités locales !
  • Les voies d’accès entre les différents équipements, les réseaux (eau, assainissement, électricité, etc) seraient également largement pris en charge par ces mêmes collectivités territoriales, sans compter les différentes études nécessaires.

Ce partenariat public-privé donne toutes les apparences d’une aubaine exclusivement pour l’investisseur privé local, installé sur des positions foncières intéressantes grâce au support public massif.

  • Est-il dans l’intérêt général de dépenser autant d’argent pour un projet fonctionnant 6 mois par an ? Est-il prévu d’évaluer en terme d’emploi et de redistribution des ressources l’impact d’un tel projet sachant que ce type de modèle ne crée que très peu d’emplois pérennes mais concentre les ressources : une étude d’impact sur les emplois existants liés au tourisme ainsi que sur les retombées économiques et leur répartition pour les habitants de la ville de Tournus est-elle prévue ?
  • Le contexte actuel d’explosion du coût de l’énergie et de hausse des prix et le nécessaire usage des fonds publics en vue de satisfaire les besoins vitaux de nos concitoyens en matière de santé, énergie, transport, emploi, éducation…ne fait que renforcer la nécessité d’une autre réponse.
  • Ce concept ne sert pas l’attractivité de la Saône-et-Loire mais au contraire va à l’encontre des efforts des forces vives dans les domaines du tourisme, de la culture et du patrimoine. Il rentrera en concurrence avec les grands sites attractifs du territoire organisant des manifestations et animations en contexte authentique, comme Autun, Brancion, Cluny, Berzé-le-Châtel, Cormatin, Geugnon… pour ne citer qu’eux, sans oublier les espaces naturels remarquables et les exploitations agricoles et artisanales.
    Sans surprise, de nombreux élus de ces sites et de bien d’autres, ainsi que les associations investies dans la vie culturelle et patrimoniale de nos territoires redoutent la concurrence de spectacles à finalité commerciale développés par les partenaires privés à qui serait confié le projet ECLAT.
  • Par ailleurs, en cas de déficit de cette structure, quelles dispositions ont été prises ?
  • Comment ne pas craindre de se retrouver dans la situation où les collectivités territoriales qui ont investi dans ce type de structures soient contraintes de combler les déficits alors qu’elles n’ont pas engrangé de bénéfices ? Les exemples en ce sens ne manquent pas.

Depuis 4 ans ce projet est conduit dans la plus grande opacité.

  • Aucun échange contradictoire n’a jamais été organisé sur l’opportunité même d’un tel projet avec les parties prenantes socio-économiques du tourisme, du patrimoine, de la culture, les organisations agricoles et environnementales concernées et préoccupées par la protection du patrimoine culturel, des milieux naturels et nourriciers ainsi que les habitants de Saône et Loire et notamment de Tournus et son canton.
  • Le département de Saône et Loire, son patrimoine, ses traditions, ses savoir-faire mais surtout ses habitants et particulièrement tous ceux qui s’investissent depuis de nombreuses années pour les faire vivre ne méritent-il pas mieux que des décors en carton-pâte ?
  • Ne pourrait-on pas imaginer coordonner la construction d’une offre diversifiée qui prendrait appui sur les richesses et les structures de notre territoire et incitant à un cheminement dans notre département, plutôt que de vouloir reproduire de manière factice en un seul lieu et selon un modèle de consommation non durable, la soi-disant « histoire » de notre département ?

Pour l’ensemble de ces raisons, notre organisation maintiendra son engagement dans la défense de l’intérêt général, du bon emploi de l’argent public, de la démocratie, de l’environnement, jusqu’à l’annonce de l’abandon du projet.

Face aux enjeux sociétaux, économiques, écologiques et environnementaux, et aux défis qu’ils imposent, nous ne pouvons croire que cette requête reste lettre morte.
Au-delà de la simple opposition, soyez assuré Monsieur le Président, que la fédération du PCF et ses élus seront toujours parties prenantes d’une démarche de concertation que nous appelons de nos vœux.

Veuillez recevoir, Monsieur le Président, nos salutations distinguées.

 

Pour la Fédération du Parti Communiste Français de Saône et Loire

Fabienne Vermorel et Catherine Bouley (en charge du secteur écologie)

 

 Copie à :
Monsieur Fonteray, pour le groupe de gauche au Conseil Départemental
Madame Colette Beltjens, conseillère départementale du canton de Tournus
Monsieur Jean-Claude Bécousse, conseiller départemental du canton de Tournus
Mmes Murielle Ternant et Jacqueline Bramant pour le Conseil Régional BFC
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